Les canyons de Guara

Aux confins de la Zona Zero (spot espagnol de VTT, situé autour de la ville d'Ainsa), les canyons de Guara proposent leur relief spectaculaire mais plutôt rude. Autant dire que les occasions d'y rouler ne sont pas des plus simples...

Le raid (3 jours) ici décrit a été réalisé à 2 en autonomie complète, fin août, sans aucune réservation (nous nous sommes arrêtés au gré de nos humeurs et fatigues respectives). Il relie quelques-uns des spots de la sierra (descente de la Costera sur Rodellar, descente depuis Alquezar sur le pont de Villacantal, etc...) et permet de découvrir des endroits tout bonnement exceptionnels : canyons du Balces, du Vero et du Mascun, villages abandonnés et territoire désertique des hauts plateaux de la sierra, village d'Alquezar (riche d'un exceptionnel patrimoine culturel et naturel), etc... Un exemple parmi d'autres, entre les Bellostas et Otin, on pénètre les confins du monde merveilleux du haut Mascun, territoire qu'il faut prendre le temps d'admirer... Pour cela, un kilomètre avant Otin, démarre sur la gauche de la piste une sente rejoignant l'entrée du canton de Raisen, sente offrant plus loin l'accès à une vire reliant entre eux de somptueux miradors et rejoignant pour finir la cascade inaugurale du canyon, le Saltador de las Lanas...

A noter que la trace n'inclut pas un joli tronçon en boucle réalisé par nous le second jour à partir d'Asque (notre lieu d'étape). Suivre la route (direction Barcabo et Arcusa) jusqu'au col de San Caprasio. Puis retour sur Asque en empruntant dans un premier, sur 50 mètres environ, la piste se dirigeant vers les abris de la Mallata (connus pour leurs peinture rupestres du Néolithique). On trouve alors un superbe single-track permettant de rejoindre les sites préhistoriques de Arpan puis del Trujillo (aucun problème d'orientation a priori). Petit portage, plus loin, pour gagner la crête séparant les "barrancos" d'Arpan et de Lumos, crête que l'on remontera alors (tout roule, sauf 2 courts ressauts ; le sentier est tout simplement splendide...) jusqu'à tangenter la route Colungo-Arcusa. On rentre alors sur Asque en suivant un chemin (mi-piste, mi-sentier) rejoignant assez bas cette route, que l'on quittera un peu plus loin au niveau d'une épingle vers la gauche pour plonger directement sur le village.

Départ de l'auberge "El Condor" (ouverte toute l'année, au village de Paules de Vero), située à environ 25 km du bourg d'Ainsa (sortie Lannemezan sur l'autoroute Tarbes-Toulouse ; remonter la vallée d'Aure pour franchir le tunnel transfrontalier d'Aragnouet-Bielsa). Ainsa est située à 1 h de Saint-Lary (célèbre station et village des Pyrénées). Compter 3 h 15 depuis Toulouse jusqu'à Paules, 2 h 45 depuis Tarbes.

Itinéraire axé enduro, avec une forte proportion de passages techniques et de portages ou poussages plus ou moins longs.

Mieux vaut partir avec un VTT solide, des pneus tubuless avec liquide anti-crevaison (le terrain est parfois épineux ; tout autre solution expose à de probables désagréments...). A plusieurs reprises, on se trouve en effet dans des lieux très isolés et éloignés du point de départ...

Les portages ne sont jamais rébarbatifs car on est toujours dans un cadre somptueux et les sections roulantes sont tout de même très largement majoritaires (si l'on est habile sur un vélo). Les sections principales de portage sont :

* Les crêtes du Balces, que l'on rejoint après une piste terriblement raide (mais 100 % roulable) s'élevant au-dessus du village perdu de Sarsa de Surta (la sente de crête, bien que quasiment horizontale, est en effet pierreuse, de sorte que l'on choisit de temps à autre de marcher à côté de son vélo, quand on en a marre de vibrer...).
* La section entre Otin et Rodellar (des passages sublimes mais aussi des zones où le sentier est trop raide, en mauvais état, caillouteux, etc...).
* La remontée depuis la fuente (résurgence) de Tamara (au débouché du célèbre canyon de la Peonera et de son long bief terminal, idéal pour un bain de première classe...).
* La remontée du pont de Villacantal jusqu'à Asque (le temps de rejoindre la piste ayant servi à l'adduction d'eau du village, soit 10 minutes de portage obligatoire).
A noter que le dernier tiers du parcours (entre Asque et Paules) est roulable à quasiment 100 % et comprend de magnifiques sections de single-track (sur la crête dominant Hospitaled ; mais surtout sur la fin, entre Barcabo, Lecina, Betorz et Paules).

La question du ravitaillement en eau est cruciale dans la partie la plus sauvage du parcours (entre Paules et Rodellar). Nous avons trouvé des points d'eau :

1/ A Las Bellostas (la timide fontaine du village ne nous a guère inspirés ; mais nous avons trouvé un habitant serviable pour refaire le plein).
2/ Au bord de la piste sur la droite, avant d'arriver au village ruiné de Letosa (fontaine à sec en cette fin d'été ; coule-t-elle à d'autres moments ?).
3/ Avant d'arriver à Otin (fontaine, qui coulait sans problème, aménagée sur la gauche au moment où l'on quitte la piste pour gagner les ruines du village par un bout de sentier).
4/ A Rodellar (bars mais aussi fontaine sur la place). Le Kas Naranja a beau à être ultra chimique, il est délicieux et hautement désaltérant après tant d'efforts sous le cagnard...

Pour dormir et manger le soir, nous avons utilisé les commodités (de bon rapport qualité-prix, avec piscine en prime dans les 2 cas !) offertes par les villages de Bierge (Hosteria de Guara) et d'Asque (Casa Maza).

D'autres possibilités existent par ailleurs :
1/ Pour raccourcir la première étape, on pourra aussi s'arrêter, peu après Rodellar, à Las Almunas (Casa Tejedor) ; ou à Rodellar même, où existent diverses possibilités (camping del Puente, avec couchage possible en bungalow, par exemple).
2/ Sur Bierge, il existe aussi un gîte d'étape (Casa Atuel, tenue par une française) ; sur Alquezar, les possibilités (plusieurs hôtels, gîte-refuge) sont innombrables ; à Colungo, on trouve entre autres l'hôtel del Meson de Colungo (qui possède une agréable terrasse où manger et boire un verre...).

Les coordonnées de toutes ces adresses sont évidentes à trouver via Internet.

Du point de vue des horaires, la vitesse moyenne du premier tiers du parcours est de l'ordre de 7 ou 8 km/h maximum (terrain compliqué ; nombreux passages trialisants où la progression est lente). Il faut donc 5 à 6 h pour rejoindre Rodellar ou Las Almunas (que nous recommandons comme lieu d'étape, la solution choisie par nous - Bierge - déséquilibrant le parcours avec une première étape trop longue), pour une quarantaine de kilomètres en tout. Asque ou Colungo sont des lieux intéressants ensuite pour la seconde nuit (on se contentera alors, seulement, d'une simple pause à Alquezar, pour déjeuner, boire un verre et visiter). La fin de parcours est courte et plus reposante, mais l'accumulation des 2 étapes précédentes commence à peser...

Itinéraire réalisable pratiquement toute l'année (on pourra manger et dormir en toutes saisons à Las Almunas, Bierge, Alquezar et Colungo).

La trace proposée (qui a été suivie par nous, et qui a été nettoyée de certaines variantes malencontreuses ou sans issue) est optimisée à tous égards dans son premier tiers (entre Paules de Vero et Rodellar) et dans son dernier tiers (entre Radiquero et Paules de Vero).

En revanche, les options choisies au cours du second tiers du parcours sont perfectibles :

1/ Le sentier de descente de Rodellar sur le camping del Puente (situé au débouché du canyon du Barrasil) est sans intérêt particulier à vélo malgré un début trialisant tout à fait prometteur. La fin de la descente se caractérise en effet par un portage obligatoire de près d'un quart d'heure qui a pour seul intérêt la découverte du vieux pont de la Cabras (Puente Cota sur certaines cartes), enjambant la section ultime du canyon du Mascun, juste avant sa confluence avec le rio Alcanadre. Choisissez donc la simplicité et rejoignez le camping par la route (qui descend sur la droite peu après la sortie sud de Rodellar).

2/ La liaison entre Pedruel (hameau situé non loin du camping del Puente) et le village de Bierge suit un itinéraire balisé (camino natural del Somontano de Barbastro), itinéraire qui emprunte une piste agréable au début mais affreuse pour finir (beaucoup trop raide...). Le sentier passant au pied du monolithe (Huevo) de Morrano est néanmoins, plus loin, tout à fait grandiose...

3/ Après Bierge, nous nous sommes efforcés de rejoindre (sans succès) l'ermitage de Virgen de la Vina (au nord du village d'Alberuela de la Liena), de façon à retrouver le magnifique single rejoignant Radiquero...

Pour conclure, si c'était à refaire, nous choisirions plutôt l'une ou l'autre des 2 options suivantes :
1/ Depuis Bierge, suivre le GR 45 en direction d'Abiego, avant de rejoindre Alberuela et Radiquero par piste.
2/ Le mieux nous paraissant sans doute de remonter sur las Almunas, à partir du village de Pedruel, pour suivre alors dans l'autre sens le camino natural del Somontano de Barbastro, au cours de son trajet sur les hauteurs du canyon aval de Balces (un assez bref portage au-dessus de las Almunas - pour gagner la crête - ; quant aux sections obligatoires et plus longues de portage qui suivent le franchissement du rio Isuala, elles sont tout à fait jouables pour rejoindre plus directement Radiquero puis Alquezar et profiter ainsi de la descente hautement conseillée démarrant des hauts de l'ermitage de la Virgen de la Vina).

Pour tous renseignements complémentaires (je connais très bien la sierra de Guara et la zone d'Ainsa, ainsi que la plupart des coins intéressants à VTT de ces deux secteurs), n'hésitez pas à me contacter (caminoscinto@yahoo.fr). Je me ferai un plaisir de vous répondre (sans intérêt professionnel particulier, mon job n'ayant rien à voir !).