Je tiens à partager avec vous ma première expérience sur la GTM (Grande Traversée du Morvan) en compagnie de mon ami Gaby.
Bonne lecture.
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Projet GTM version autonomie totale 05/2014
Pour rappel, la GTM c'est:
310km de chemins qui traversent le Morvan de haut en bas.
Passage par, Avallon - Villiers Nonains - St Germain des Champs - Quarré les Tombes - St Brisson - Saulieu - Moux en M - Ouroux en M - Cussy en M - Glux en Glenne - Etang sur Arroux - Mesvres - Autun.
Trace *.gpx sur openrunner: ICI
Carnet de route TOPO: ICI
Le massif forestier du Morvan est partagé entre plusieurs départements. L'Yonne, la Côte d'Or, la Saône et Loire et la Nièvre. Le point culminant est à proximité de Château Chinon c'est le "Haut Folin" qui est à 901m d'altitude.

L'idée est née dans la tête de Gaby avec qui je roule depuis quelques temps maintenant. C'est le même gars qui nous a organisé une virée dans le Morvan "Le Morvan mode Cadors" en nov. 2013. (Voir le résumé sur Utagawavtt).
Les premiers échanges de mails se font début mars 2014. Point non discutable, "Autonomie totale" et durée de la traversée une semaine. Nous décidons de faire le périple a la dur avec les sacs sur le dos afin de garder un maximum de liberté. Nous lançons de rapides calculs pour estimer le poids de nos sacs, et arrivons à 13Kg. Dans ma tête, j'étais partis sur un sac de 7Kg maxi, mais visiblement il va falloir faire comme sur les sites de voyages itinérant type "expemag" et tout calculer au gramme près (y compris les feuilles de PQ ^^).
Pour moi, il est hors de question d'investir dans du matériel ultra-compact, ultra-light, et ultra-cher.
Je fais avec ce que j'ai et c'est tout. Le seul écart que je me suis autorisé et que j'ai racheté à Gaby un sac de couchage Décathlon +15°C compact qui soit disant n'est pas très efficace.
Comme à notre habitude, nous ouvrons une feuille de calcul Google document que nous nous partageons afin de mettre tous nos préparatifs sur le même support.

(Extrait)
Bien une chose de faite, ou presque... Encore quelques questions à élucider. Maintenant, on fait comment pour aller où? On part du Nord ou du Sud? Les filles sont dispo pour nous emmener et peut-être venir nous chercher au milieu de la pampa?
Le mieux est de partir du Sud (Autun) et de remonter comme ça les filles auront moins de bornes pour venir chercher ce qu'il reste de nous. Et pour descendre à Autun, nous comptons sur les services de la SNCF.
"Pour rappel, nous sommes de Montargis (45)"
Quoi! 120€ pour deux et en prime, un passage par la capitale... Ok on ne part pas pendant un weekend je ne suis pas un pigeon. Je regarde donc en fin de semaine le vendredi 2 et là miracle! train quasi direct à 75€ pour deux et avec les vélos pris en charge.
Dans ma tête: "Ban mon Bibi, va falloir t'agacer un peu... Tu prends quoi comme sac?"
Trois possibilités s'offrent à moi, mon sac de 8L, celui de 12L et celui de l'armée de 60L. Le 12L est blindé avec le sac de couchage et les fringues de rechange. Ok on oublie. Le 60 c'est comme si je trainais le Puy de Dôme dans le dos, et en plus il m'appui sur l'arrière du casque.
Moi qui voulais limiter l'investissement c'est mort. Je fais donc tous les sites internet pour voir un peu ce qui se fait chez quelques grande marques, et il y a toujours un truc mal pensé sur les sacs de rando : quand on veut attraper quelque chose au fond du sac, bien, il faut tout vider!
Mon cœur balance 30/40L ... Je voie de bons sac à 200€ (Madame va jamais vouloir... et c'est hors budget).
Je me rends donc dans les magasins de proximité et c'est à Décathlon que je trouverais mon bonheur. Un Forclaz 40 Air Coling system, à 50€ je vous passe le descriptif.
Gaby, lui a sont Lowepro Photo Sport 200AW qui est très bien sachant qu'il a investi dans un porte bagage se fixant sur le tube de selle pour mettre les équipements volumineux matelas et sac de couchage, mais au vu de la nourriture à emporter lui aussi craquera pour le même sac que moi.
Il est temps de faire le point plus sérieusement et de se voir une soirée pour discuter de tout ça. Nous épluchons les magazines de rando à Gaby et il m'ouvre les yeux sur un point non négligeable: la nourriture.
Mon idée était quand même arrêtée sur des produits déshydratés (type soupes et... soupes). Mais Gaby a vu le truc en grand et s'est intéressé à fond dans les besoins énergétiques journaliers. Et là festin! (ou presque).
Oubliez les boîtes des conserves, gratin de pomme de terre, saucisse lentilles, et autres repas de camping.
Nous ça sera: amandes, flocons d'avoine, semoule et autres trucs tristes qu'il faut manger pour avoir la ligne "spécial K"

Pour la nourriture voir: Expemag.com
Deux semaines avant le départ Gaby commence à se mettre au "régime bivouac" afin de se donner une idée sur les quantités à emporter. Psychologiquement, il va avoir un bon avantage sur moi pour ce coup là.
Une semaine avant, il part avec un copain à lui dans le Périgord et m'annonce que même dans un sac de couchage +5°C sous une tente, il fait froid. Là ça craint! D'autant plus que les températures mini moyennes dans le Morvan, vont de 4 à 8°C entre avril et mai.
Bref, ce soir, je dors dehors pour tester le truc...
La semaine avant le départ, il a plu quasiment tous les jours. Mais la météo semble s'améliorer quand nous serons sur place. Il est temps de regrouper les dernières affaires et de ne rien oublier.
Jour "J":
Le départ du train est prévu à 15h15. Nous (ma chérie qui fait le taxi et moi) décidons de nous retrouver chez Gaby le midi pour équilibrer nos sacs et faire un dernier inventaire afin d'éviter d'emporter trop de doublons. Je n'ai pas pu m'empêcher de choisir le repas de notre dernier repas du midi "civilisé" ça sera kebab bien gras pour tous.
Départ pour la gare de Montargis. Arrivée sur place, on ressent une drôle d'impression de circuler dans une gare avec tout son matos. Comme si nous ne voyagions pas comme tout le monde.


Ca y est nous y sommes env. 4h de trajet pour aller à Autun avec une pause de 50min à Nevers, où nous avons presque loupé notre train car nous étions partis nous promener un peu en ville.



Quelques minutes après notre arrivée, c'est la pluie qui nous accueillera. Nous nous mettons très vite à la recherche d'un endroit pour bivouaquer cette nuit. Et c'est après 3 ou 4 km de montée sous la pluie que nous trouverons notre bonheur. Rien qu'à l'idée que je vais dormir dans un hamac, Gaby rigole déjà. Mais bon en considérant le volume comme une priorité, mon choix pour le hamac était fait.

Premier repas du soir, au menu: taboulé chaud, mélange de graines de noix, noisettes, raisins sec, ...
La première nuit sera très difficile, Gaby a eu froid dans son sac de couchage +10 et il à bénéficié de la douce mélodie de mes ronflements malgré ses bouchons d'oreilles. J'ai également très mal dormi. Le hamac ne convient pas, la position est confortable, mais l'air circulant sous le hamac m'a refroidi le dos toute la nuit.
Après le petit déjeuner, nous plions bagages et nous mettons en route pour une première grosse journée de pédalage à la découverte de la GTM.


Au bout de 2km lors d'un franchissement Gaby perd l'équilibre et met le pied et la main dans la boue (la journée commence bien...)
C'est une grande journée, quoique un peu froide, les profils et la qualité des chemins sont top! De bonnes montées dans lesquelles, nous sommes obligés de mordre le guidon à pleines dents pour conserver la roue avant au sol, et un régal dans les descentes! Gaby vole au dessus des bosses et se régale comme un grand gamin.
Il y a deux petites choses, auxquelles nous devons nous habituer: le poids du sac sur le dos qui nous fais prendre 12 à 14Kg et donc il faut gérer les freinages en fonction (sans parler du transfert de charge sur l’avant qui nous fait perdre de grip du pneu arrière), et la hauteur du sac qui vient taper derrière le casque nous empêchant ainsi de regarder loin devant.
Cette même matinée, je ferais un beau soleil que Gaby va se régaler de commenter car il a tout vu. En gros je n'ai pas pu sortir mon pneu d'une ornière. Pas de mal heureusement juste une petite douleur dans l'épaule qui passera dans la journée.
Nous profitons du paysage et n'hésitons pas à faire quelques pauses.


Après une bonne journée et 45km, nous décidons de nous arrêter à Etang sur Arroux pour la nuit. Fiers, nous dégusterons une bière au bar du village, puis nous installerons le bivouac au bord de la rivière juste en face du camping. Nous en profitons pour entretenir les vélos et les préparer pour demain, et nettoyer quelques affaires.



Le matin du 4, quelle a été notre surprise en découvrant que le givre était tombé. Et s'il a fait aussi froid, c'est que le ciel est dégagé et que le soleil est de retour!


Avant de partir, il faut se réchauffer, faire le plein d'énergie, et faire sécher l'humidité qu'il y a sur les toiles.
Au petit dej. Chicorée avec lait entier en poudre, et Muesli (re) dans du lait (re en poudre). Je ne suis pas vraiment difficile mais ce n'est pas mauvais, et je n'ai eu aucune fringale. Ce qui fait du bien, c'est surtout boire du lait chaud.


Et c'est reparti pour une bonne journée de vélo. Nous gardons un bon rythme et les vannes fusent! Le début est très roulant et il y a peu de dénivelé, mais patience ça va venir...




Au bout de 19km, nous faisons une pause dans le village de St Léger-sous-Beuvray car c'est l'heure de manger. Nous sommes heureux de manger face au soleil qui nous réchauffe. Une petite sieste de 10mn après le repas et nous repartons.
Gaby commence à avoir mal à la jambe, et nous devons nous arrêter un peu plus souvent. Nous faisons un arrêt à St Prix petite ville où nous avons déjà fait une boucle en octobre 2012 et nous en profitons pour faire le plein d'eau tout en ressassant les vieux souvenirs.




La fin de la journée sera très difficile mais nous avons avalés 18km pendant l'après midi ce qui nous amènera presque à Glux-en-Glenne.
Pour éviter d'avoir trop froid, cette nuit, nous décidons d'installer le bivouac en forêt à 50m d'un petit ruisseau.



Nous occupons notre soirée comme habituellement, entretient des montures, soins du pilote et de ses affaires. Discussions diverses et variées. Et toujours une pointe d'humour "bas de gamme" et vannes foireuses pour garder le moral et montrer qu'on est heureux de partager ce truc de fou!
Maintenant c'est l'heure d'aller se coucher, mais un imprévu va nous retarder. Ce soir c'est TP couture! En se mettant dans son sac de couchage, Gaby a cassé sa fermeture éclair et malgré toutes les positions improbables essayées, il sait qu’il va se les geler s'il ne trouve pas une solution. J'assiste impuissant à son embarras et à ses râles. C'est au bout de la deuxième tentative que nous trouvons la solution. Récupérer la fermeture du bas du sac, et l'inverser afin que sac de couchage se ferme à nouveau. Et tout ça à la lumière de la lampe frontale!


Le matin du 5 je me suis levé très tôt à cause du froid et une petite faim. Je vais directement en direction du premier rayon de soleil pour me réchauffer. Comme la fin de journée d'hier a été très difficile, je laisse Gaby se reposer autant qu'il le veut, car aujourd'hui, il va sûrement douiller encore un peu plus.
Au bout de quelque temps, lui aussi se lève croyant que je dormais toujours et il ne bougeait pas pour ne pas me réveiller.
C'est ballot ça!

(vue depuis le bivouac)
Il est 10h30 quand nous montons sur les vélos. Deux solutions, soit on roule plus tard que d'habitude, soit on garde le rythme habituel et c'est une étape qui comptera moins de kilomètres.
C'est la journée la plus chaude que l'on ai eu. Dès le matin le casque dégouline de sueur et nous évitons de s'arrêter au soleil. Car nous avons pensé aux imperméables, mais pas à la crème solaire!
Depuis que nous sommes partis ce matin, Gaby reste derrière dans les descentes (pas normal. Là, je me rends compte qu'il ne prend plus de plaisir et ça m'embête.
Au bout de 10km, nième pause de la matinée, nous décidons d'un commun accord de prendre des chemins différents et de se rejoindre à une intersection. Moi je reste sur le tracé de la GTM, et Gaby s'économise un peu pour la suite en passant par la route.
Nous échangeons quelques matériels car il devrait arriver avant moi et fera la tambouille en m'attendant.
Quelques temps après, nous nous retrouvons donc pour le repas du midi. Et j'en profite pour lui raconter où je suis passé, et surtout que c'est un secteur que nous connaissions. Après la grosse "Montéedesamère" que de la descente super joueuse, avec la prise de courbes dans relevée de chemins, des sauts au dessus des racines, des cailloux, un régal!
Ne voulant pas forcer Gaby à se faire du mal et sachant qu'il a la tête bien vissée sur les épaules (sauf quand il est sur son vélo). Il m'annonce qu'il ne pourra pas faire la fin de la GTM. Sa jambe est devenue douloureuse au point de lui faire mal en marchant.
La décision est prise d'arrêter le périple à environ 104km en deux jours et demi ce qui est déjà bien. Nous appelons ma copine pour lui donner notre point de rendez-vous qui se fera à l'étang à Le Châtelet.
Gaby finira par les chemins roulants pour se ménager, et moi je continu sur la GTM pour en profiter encore un maximum.



Bilan:
1ère journée 46km D+ 1339m, temps couvert froid et venteux
2ème journée 38km D+ 1100m, ensoleillé et vent frais
3ème journée 20km D+ 902m, grand soleil et petit vent

Des sacs de 12 à 14 Kg sur le dos avec toute la nourriture nécessaire (vive la suspension arrière).
Ce qu'il faut en retenir : la qualité et l'entretien des chemins sont exceptionnels. Pas de papiers ou de décharges sauvages comme on peut en croiser parfois. Les motos cross et 4x4 sont très respectueux et sont passés au ralenti, avec un petit échange d'un signe de la main pour remercier et saluer les personnes. Nous avons même croisé un 4x4 qui s'est arrêté pour nous laisser finir notre montée (ou peu être pour mieux nous voir en baver!?).
La diversité des types de terrains est un régal. On passe des cailloux, au lit d'épines (super souple) à quelques passages gadouilleux et de belles traversées de gués. Nous avons dormis chaque soir à la belle étoile et "survécu" à des nuits très fraiches (pour les gites, on attendra plus tard).
Les chaussures ont été mouillées, les T-shirt aussi. Pour moi, l'organisation était au poil. On va dire que celle ci c'était un test, mais la prochaine, on s'emmanche la totale c'est sûr !
Le "régime" déshydraté n'est pas mauvais et satisfait entièrement un bon mangeur, nous gardions des barres de céréales sous la main pour grignoter entre deux repas.
J'espère que vous avez pris autant de plaisir à lire ce résumé que j'en ai pris pour le rédiger.
Merci Gaby!
*Bibi*